Il y en a eu
de l'eau
des gouttes
et des gouttes
des vagues
et leurs écumes
des flots
colossaux
déchaînés
ont coulé
roulé
répandu
déversé
jusqu'à
presque
entièrement
m'engloutir
me noyer
Effrayée
d'abord
mon souffle
a suffoqué
puis mon corps
digne
et vaincu
tout entier
disparu
sous la houle
déchaînée
Mon cœur
échiné
a cédé
jusqu'à
presque
m'empêcher
soudain
de respirer
Bedonnante
vomissante
pleine
repue
remplie
d'un liquide
nauséeux
j'ai erré
comme
amputée
désarçonnée
l'os
trempé
conduite
à l'aveugle
par des yeux
qui
peu à peu
devenaient
opaques
et
vitreux
Les jours
les heures
puis les minutes
vaillantes
et ouvrières
telle
une fourmilière
se sont chargés
du reste
Moi
automate
comme
la trotteuse
d'une pendule
presque
centenaire
je restais
fébrilement
suspendue
à ce doux
ronronnement
prévisible
infaillible
ennuyant
laborieux
si rassurant
qu'il en devenait
presque
effrayant
La veille
de ses cent ans
la pendule
fatiguée
trepassa
sous le poids
des années
mais la trotteuse
incrédule
refusa
d'abdiquer
dans un sursaut
puissant
d'une résistance
brusquement
rescapée
Les vitraux
de mes yeux
ont volés
peu à peu
d'un éclat
bruyant
faste
et vibrant
puis
doucement
mon cœur
comme intact
sous la glace
attisé
aguiché
et grisé
a cédé
jusqu'à
presque
m'empêcher
enfin
jusqu'à
presque
m'empêcher
encore
d'à nouveau
respirer